IPSA AFRIQUE

Coup d’Etat au Niger : l’ultimatum de la CEDEAO face à la junte

Tribune du 04/08/2023

Par Aliou Ly

Le 26 juillet 2023, des militaires dirigés par la garde présidentielle ont annoncé à la télévision nationale avoir renversé le président du Niger, Mohamed Bazoum. Le général Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle du Niger depuis 2011 est à l’origine du coup d’état contre le président élu et s’est présenté le 28 juillet comme le nouvel homme fort du pays. Il a justifié le coup d’État par « la dégradation de la situation sécuritaire ». Or, on sait tous que le coup d’état est motivé par un intérêt personnel. Fort de ce constat l’Union Africaine, la CEDEAO et l’UEMOA ont condamné le coup d’état illégal et illégitime et ont demandé la libération du président Bazoum et la restauration de l’ordre constitutionnel.

Depuis le 30 juillet 2023, la CEDEAO a donné un ultimatum d’une semaine aux putschistes pour qu’ils rendent le pouvoir pacifiquement, passé ce délai, la CEDEAO n’exclut pas l’usage de la force. Pour les responsables politiques et militaires de la CEDEAO, la prise du pouvoir par la force est un coup d’état de trop. Le Nigéria pays frontalier avec le Niger est prêt pour une intervention militaire. Le Sénégal à travers sa ministre des affaires étrangères Aïssata Tall Sall a affirmé l’envoi des militaires si la CEDEAO décide d’intervenir militairement. À Abuja, où les chefs d’état-major de la CEDEAO sont réunis pour élaborer la stratégie qui sera mise en place en cas d’intervention militaire, le message est clair. Si l’option militaire est « la toute dernière option sur la table », Abdel-Fatau Musah, commissaire de la CEDEAO, a prévenu que l’organisation devait « se préparer à cette éventualité ».

La réaction de la CEDEAO a été tout d’abord d’imposer des sanctions économiques à l’encontre des putschistes. La CEDEAO est bien décidée à employer tous les moyens à sa disposition. Jamais l’organisation ouest-africaine n’avait été aussi dure. Des banques, au pétrole, en passant par les denrées alimentaires, tous les secteurs ont vu les flux à destination du Niger coupés. L’autre méfait des sanctions économiques est que le Niger n’aura plus accès au port de Cotonou. Le Président français Emmanuel Macron a condamné “avec la plus grande fermeté” le coup d’État, le ministère des Affaires étrangères indiquant que la France “ne reconnaissait pas les autorités” issues du putsch. « Toutes les actions d’aide au développement et d’appui budgétaire au Niger », ont par ailleurs été suspendues, « avec effet immédiat ». Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait assuré le président élu Mohamed Bazoum de « l’indéfectible soutien » de Washington lors d’un appel téléphonique. L’ONU à travers son Secrétaire général est préoccupée de la situation du Niger et appelle à un retour de l’ordre constitutionnel.

Les putschistes du Mali et du Burkina Faso ont décidé de soutenir leur confrère nigérien en cas d’intervention militaire par les pays de la CEDEAO. A l’heure actuel la médiation avec la CEDEAO n’a pas donné de résultats, on risque une intervention militaire au Niger dans les jours à venir.  Pour légitimer son pouvoir le général Tiani compte sur une frange souverainiste et anti-française, en faisant appel à des manifestations en faveur des putschistes. Face à la multiplication des coups d’état au Sahel notamment dans la zone ouest-africaine, la CEDEAO doit mettre sur pied des mesures adéquates pour parer à d’éventuels coups d’état dans la sous-région.

 

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