IPSA AFRIQUE

La situation sécuritaire relative au Coup d’Etat au Niger : les répercussions sécuritaires du putsch dans la zone du Sahel et le bassin du Lac Tchad

Par Annouar Mahamat Nour , Spécialiste des questions de paix et de sécurité; Chercheur en Droit International à l’Ecole de Droit de La Sorbonne ; Point Focal Tchad de l’Initiative pour la Paix et la Sécurité en Afrique (IPSA)

        Analyse du 21/08/203

Après des périodes exponentiellement tumultueuses, marquées par, des instabilités sécuritaires croissantes, la montée en puissance de la violence, la recrudescence des mouvances terroristes lourdement armés, l’accaparement du pouvoir politique par la force armée, la légitimation du pouvoir par les armes et la destitution du pouvoir en place à travers des putschs orchestrés par les hommes arborant des treillis militaires dans la zone aiguë du Sahel, les pays suivant : à commencer par le Mali, la Guinée, le Burkina Faso, le Tchad et maintenant, tout récemment, le Niger, ont été le terrain de théâtre d’une situation sécuritaire très tendue à la suite des putschs armés respectifs et cela a des conséquences sur la sécurité dans la zone du Sahel. En effet, le cas récent du coup d’Etat au Niger n’est pas seulement mystérieux, mais il est aussi, quasiment, l’un des putschs les plus improbables. À la surprise générale, hélas, l’armée nigérienne a pris ses responsabilités pour destituer le pouvoir en place et arrêter le président Bazoum, qui, rappelons-le, est le président élu démocratiquement au Niger suites aux élections présidentielles nigériennes de 2020-2021 à la suite du second tour du 21 février 2021 qui a vu élire le président Bazoum par le peuple nigérien. Bien vrai que, tout récemment, le Niger est considéré comme l’une des démocraties les plus florissantes et l’une des démocraties les plus prometteuses au sein de la bande Sahélienne et au delà, en Afrique, suite à la cession du pouvoir pour un 3ème mandat du président sortant Mouhamadou Issoufou, pour ne pas se présenter à un 3ème mandat et de cesser le pouvoir pour laisser le choix au peuple nigérien de choisir le président Mohamed Bazoum, qui a été donc démocratiquement élu.

Ainsi, les militaires, à la tête desquels le général de Brigade Abdourahman Tiani, chef de la garde présidentielle, ont renversé le régime démocratiquement élu, issu du suffrage universel du peuple nigérien, de Mohamed Bazoum. Et l’annonce de la création et mise en place du Conseil National pour le sauvegarde de la patrie, de la nomination d’un premier ministre en la personne de Ali Lamine Zeine Mahamane et la formation récente du gouvernement de transition.

Même si, certains nigériens, qui a élu Mohamed Bazoum, semblent approuver et soutenir le putsch pour des raisons de souveraineté du Niger et d’indépendance à l’égard de l’occident, la communauté internationale quant à elle, dans son ensemble, a condamné le coup d’Etat au Niger. Les États n’ont pas seulement condamné le putsch, mais la plupart des États, souhaite la libération immédiate de Mohamed Bazoum et son rétablissement immédiat dans ses fonctions de président de la République du Niger, car il est démocratiquement élu.

La CEDEAO de sa part, qui est une organisation intergouvernementale ouest africaine, a, d’abord, prôné un blocus économique du Niger à travers des sanctions économiques. Et ensuite, la CEDEAO n’a pas écarté la piste d’une intervention militaire afin de rétablir le président déchu Mohamed Bazoum.

 

Ainsi dire, cette situation sécuritaire au Niger n’est pas sans répercussions sécuritaires dans la zone du Sahel et aussi dans le bassin du Lac Tchad, notamment l’impact sécuritaire sur les pays, surtout frontaliers avec le Niger. D’abord, le Mali, le Burkina Faso et le Benin, déjà gangrenés par des mouvements djihadistes et des attaques terroristes. En suite, le Tchad, qui est un pays aussi instable et en proie à des permanentes attaques des rebellions lourdement armés. Et enfin, le géant économique voisin, le Nigeria, déjà affaibli par la nébuleuse groupe terroriste Boko Haram.

En définitive, cette situation sécuritaire relative au Coup d’Etat au Niger  a des répercussions  sécuritaires certaines dans la zone du Sahel et du Bassin du Lac Tchad car cette situation pourrait encore accentuer la violence armée par la constitution des groupes armés au sein même du territoire nigérien et aussi il est probable que des mouvements armés déjà constitués pourront avoir plus de marge et une circulation beaucoup plus fluide, profitant de la situation d’instabilité dans cette zone du Sahel, déjà très fragile, sur le plan sécuritaire afin d’assoir un climat propice à l’insécurité et l’instabilité entravant ainsi la paix et la sécurité dans la zone sahélienne.

Enfin, après ces vagues de coup d’Etat en Afrique, après le Niger récemment, Maintenant à quel pays sera le tour ?

 

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